[JEU] Une histoire dont vous êtes le héros

Je pose mon visage entre mes mains et me frotte les yeux.
Pas un bruit, si ce n'est le clic régulier d'une horloge proche. Dans la pièce, l'obscurité bleutée semble tout recouvrir.
Je m'habille et sors de l'appartement en faisant attention à ne pas faire de bruit.

Après avoir ouvert la porte d'entrée de l'immeuble, je sors lentement, trainant le pas. La rue entière baigne dans une faible lumière bleutée. J'ai beau marcher, regarder mes pieds avancer l'un devant l'autre, j'ai tout de même comme l'impression d'être en train de flotter, un peu comme lorsque l'on est à la surface de l'eau. Je pourrais même presque sentir ces vagues venir s'écraser sur mon dos et me pousser en avant.

Être parmi les premiers à se réveiller et à sortir dans la rue, ne croisant personne, cela me donne l'impression d'être en avance sur tout le monde. Une sensation comme si tout était possible à cette heure matinale, sans se soucier des conséquences. Les honnêtes travailleurs du jour prévoient de se réveiller d'ici une heure ou deux, tandis que les autres sont allés se coucher il y a peu. Un drame pourrait avoir lieu, un viol, un meurtre, n'importe quoi, tout passerait inaperçu, au pire, certains se réveilleraient et voudraient jeter un œil à l'extérieur, mais ce serait déjà bien trop tard pour intervenir, et de toute façon, la majorité du genre Humain n'est qu'oisiveté et passivité, si les plus forts dominaient à une certaine époque, de nous jours c'est une masse médiocre et plutôt inutile qui est représentée.

Perdu dans mes pensées, je n'avais pas remarqué que j'étais déjà arrivé sur mon lieu de travail.
Premier arrivé d'ailleurs, le seul étant là avant moi étant Édouard le vigile, plutôt petit et corpulent, une cinquantaine d'année.
Il m'arrive d'ailleurs de me demander si ce fauteuil et ce bureau, à l'entrée du bâtiment ne sont pas en réalité l'endroit où il habite. Lorsque je termine de travailler tard la nuit il est encore là, et quand je commence à travailler plus tôt que prévu, il est là également.

Il me fait bonjour de tête alors que je me dirige vers mon laboratoire.
J'allume la lumière de la salle principale et m'assieds à mon bureau, mon équipe n'étant pas encore arrivée, je lis une revue scientifique dans laquelle une de mes publications se trouve, celle-ci parle de l'influence de l'éducation durant l'enfance sur l'évolution et le comportement d'un individu. Je ne pense pas m'attirer de faveurs avec ce genre de publications, à dire vrai, une grande majorité de chercheurs ne cherchent pas, ils se contentent de "modifier". C'est d'ailleurs le fond de commerce principal de notre laboratoire. Nous travaillons pour de grands noms, ne nous demandant non pas d'inventer un remède miracle mais de changer un tant soit peu la formule d'un médicament banal afin de lui donner une nouvelle vie et de le vendre, souvent, à un prix plus élevé, flattant un supposé avantage par rapport à l'ancien. Mais nous travaillons aussi pour des noms plus petits, et grâce aux fonds que nous obtenons de par ces sociétés, nous pouvons mener nos propres recherches, recherches principalement axées sur le comportement et la génétique.

2H plus tard, mon équipe arrive.