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L'Igloo [topic de blabla]

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Portrait de Mnemosyne
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A rejoint: 24 avril 2012
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

La discussion est intéressante.

La question est, si on cherche vraiment à "rémunérer" Hooper selon un mode basé sur le monde du travail (ce qui est déjà discutable, comme l'ont dit d'autres, qu'est ce que le travail, est-ce qu'il faut forcément s'y faire chier pour être légitime à parler de travail, doit-on sortir de chez soi pour travailler, doit-on faire un nombre d'heures minimum, etc...) : les let's play sont-ils moins du travail que les reviews?

ça demande probablement moins de... préparation, moins de réflexion, c'est moins créatif. Là où les reviews étaient vraiment une "ponte réflexive et créative" de la part de Hooper, le let's play c'est juste Hooper qui joue.

Malgré tout il est là. Il donne une heure, il s'y tient, il joue 5 à 9h d'affilée, il sait qu'il doit le faire régulièrement, idem pour ses vidéos off, il poste un nombre de parties minimum par semaine, etc.

Du coup niveau temps et obligation de s'y tenir on remplit les cases non? Alors effectivement, ce n'est plus très créatif, mais est-ce que c'est vraiment un argument? Du coup les métiers ou les emplois non créatifs, d'exécution, ou même d'attente, où tu dois juste faire acte de présence, ou juste parler ou servir les gens, mériteraient d'être moins, ou très peu payés?

C'est très difficile de définir ce que "vaut" le travail. C'est une vraie difficulté, selon une échelle de valeurs, une vision du mérite qui peut varier. Personnellement j'ai toujours du mal à me dire qu'un agriculteur gagne moins qu'un assureur ou qu'un agent immobilier que je considère dans certains cas comme des emplois semi-fictifs.

Pour Hooper c'est la même, on peut se dire que la qualité globale de ses vidéos n'est plus la même et qu'il ne les prépare plus autant qu'avant, et que ça le pousse à une certaine flemme, mais les gens regardent, aiment, donnent donc, et par rapport à sa période review il passe certainement plus de temps devant son écran pour produire du contenu. Pas évident donc, j'ai pas la réponse sur tout ça, c'est vraiment des concepts difficiles à manipuler et surtout il me semble très difficile de quantifier et de qualifier l'activité de chacun. On pourrait se poser la question chacun, est ce que je suis "assez" bien payé, par rapport à quelle norme, à quel travail, à quelle utilité, à quelle créativité...

Portrait de celinedu6213
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A rejoint: 7 septembre 2011
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

Citation:
je bosse un peu tous les jours, même les dimanches
J'ai travaillé dans la restauration (cuistot), franchement ça me plaisait. Horaires décalés, responsabilité haute, travail même les dimanches. C'est un métier dur, on pouvait faire 9h-15h sans pause. Mais quand tu aimes ce que tu fais ça passe plus vite. Contrairement à une personne qui déteste son métier, elle regarde l'heure toute les 10m, déprime.., même si elle est très bien payé.

Pour Hooper je ne le considère pas comme travailleur (youtube), c'est plutôt une passion qu'il partage avec nous.

Pour youtube, j'ai le même avis que Yoshi. Pour moi être youtubeur n'est pas un métier.

Je ne suis pas folle.
Ma réalité est juste différente de la votre.

Fail Fish
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A rejoint: 24 avril 2012
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

Citation:
c'est plutôt une passion qu'il partage avec nous.

c'est plutôt LA pa$$ion =p

Portrait de Umbasa
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

la passion ^^

Portrait de Pang Tong
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A rejoint: 12 novembre 2016
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

Pour le travail, c'est sûr que c'est une question complexe.

On a souvent des a priori sur le métier de professeur : beaucoup de congés, peu de cours, pas de responsabilité, boulot pas pénible, bonne planque...

Je précise que je parle de professeur d'université, pour le reste je ne sais pas trop même si je me doute que ce n'est pas évident.

Les avantages du métier c'est :

- les horaires qui s'ils ne sont pas à la carte offrent normalement une bonne flexibilité. J'ai 10 heures de cours par semaine : 6h le lundi, 2h le mercredi et 2h le jeudi. À cela, il faut rajouter encore 2h de permanence pendant lesquelles je suis légalement tenu de recevoir les étudiants qui le désir sans rendez-vous. Mis à part ça, je suis mon propre maître. Je décide quand je viens et quand je pars. Seul impératif, le boulot doit être "vite fait et bien fait".

- les vacances, même si c'est à relativiser. Je parle pour la Chine mais j'ai 1 mois et demi de vacance pendant le mois de février et un peu plus de 2 mois pendant l'été. Il faut rajouter encore quelques jours par-ci par-là mais globalement c'est ça. Ça peut paraître beaucoup comme jours de congé mais il y a un hic. Si tu es professeur à l'université, c'est que tu es enseignant-chercheur, donc tenu de faire de la recherche. Alors, on peut pas te forcer mais si tu veux progresser dans ta carrière, c'est juste une obligation. Comme t'as pas le temps de travailler sérieusement à tes recherches pendant l'année, tu fais ça pendant les vacances... À cela, il faut rajouter encore la lecture des mémoires et des thèses. Rien que ça, ça peut prendre un temps dingue...

- le prestige. Faut dire ce qui est, ça t'ouvre un peu plus facilement les portes quand tu signes "professeur associé à l'université de...", si c'est une bonne université bien entendu ^^

- le contact avec l'excellence. C'est aussi à relativiser. C'est possible mais c'est pas systématique. Puis, faut qu'on s'entende sur ce qu'on appelle "l'excellence".

- faire un travail qu'on aime. Si tu travailles là, c'est forcément ce que tu voulais faire. Avec tout de même de petites exceptions comme : le vieux prof' qui n'en a plus rien à foutre, le chercheur qui ne sait pas enseigner... M'enfin, globalement, t'en a tellement chié pour être là que si tu es toujours dans ce milieu, c'est que tu le voulais.

Le salaire, c'est pas un avantage, ni un inconvénient. C'est correct. Après, ça dépend si on prend en compte la charge de travail ou pas...

Les points négatifs :

- si tu veux faire quelque chose, t'es overbooké toute l'année. T'as pas le temps de te reposer. Au début c'est le pire parce que comme t'as des nouveaux cours, tu dois tous les préparer tout le temps. L'année passée, j'ai passé tout mon temps à travailler dessus. Et comptez pour 2 heures de cours, entre 7 à 10 heures de préparations. Une semaine enchaine l'autre, ça donne l'impression de ne jamais terminer. Après, si tu gardes les mêmes cours, c'est plus facile à ce niveau là même si tu dois les revoir pour les modifier quelque peu.

- le suivi des étudiants. Si tu as des mémoires ou des thèses à suivre, ça peut te prendre un temps dingue. Et si l'étudiant veut pas bosser — ce qui peut arriver — c'est ultra pénible, surtout quand il n'écoute pas ce que tu lui dis. Faut être diplomate parfois.

- la déconnexion avec "le monde réel". Je n'aime pas ça car je pense toujours vivre dans le monde réel mais il est tout de même assez facile de rester dans sa bulle.

- l'hyper spécialisation qui te ferme beaucoup de portes. T'es ultra spécialisé mais en dehors de l'université, c'est pas évident de trouver un job qui soit dans tes cordes.

- la jalousie. Tu perds beaucoup d'amis qui n'ont pas réussi aussi bien qu'ils l'auraient voulu. Franchement, je ne compte même plus les gens qui ne veulent plus m'adresser la parole depuis que je suis devenu docteur. C'est malheureux mais c'est vrai.

- le parcours qui peut être juste horrible. En gros, on fait tout pour te dégoûter et te faire partir. Essentiellement pour 2 raisons : garder les plus déterminés ; écrémer un maximum pour qu'on ne soit pas engorgé.

- le monde de requins que c'est. Tout le monde essaye de s'entre-dévorer. T'as des relations avec untel alors l'autre devient ton ennemi même si tu ne le connais pas. Chacun a son ou ses poulains qu'il veut placer et donc t'as des conflits tout le temps.

- mendier les fonds pour faire tes projets de recherche. C'est juste horrible en sciences humaines. On n'a pas de sous.

- l'université, c'est un lieu où on réunit les plus grosses têtes du pays. Problème, l'endroit est exigu et les têtes bien grosses ; il arrive donc assez souvent que les têtes s'entrechoquent, et ça fait du dégât...

Voici quelques points qui me sont venus en tête. Pourtant, je considère que j'ai une chance immense de pouvoir faire le travail que je fais. Et, pour la plupart du temps, je ne considère pas ça comme un "travail", c'est plus une vocation.

Edité par Pang Tong le 24/09/2019 - 10:32

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

Portrait de Umbasa
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A rejoint: 2 septembre 2011
Contributions: 28415
Re: L'Igloo [topic de blabla]

Citation:
À cela, il faut rajouter encore 2h de permanence pendant lesquelles je suis légalement tenu de recevoir les étudiants qui le désir sans rendez-vous

En gros tu traîne sur Hooper.fr pendant 2 heures quoi ????

Je plaisante merci pour le retour poto, c'est très intéressant.

Portrait de Pang Tong
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A rejoint: 12 novembre 2016
Contributions: 2612
Re: L'Igloo [topic de blabla]

Umbasa a écrit:
En gros tu traîne sur Hooper.fr pendant 2 heures quoi ????

Haha, t'y es presque ^^

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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Pixel Boy
Portrait de Chuck Chan
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

Intéressant ton bilan, Pang Tong.

Portrait de Depakote
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A rejoint: 8 janvier 2019
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

Travail. Parlons travail, oui. Déjà il existe près de 480 niches fiscales en France et elles profitent en large part aux plus riches. Si certaines ‒ le crédit d’impôt pour la transition énergétique, la garde d’enfants ou les services à la personne (c’est-à-dire retour de la domestication) ‒ apparaissent égalitaires entre le RSAiste, le chômeur, le smicard, le fonctionnaire, le cadre, le libéral et les 10 % des foyers les plus fortunés, les crédits d’impôts sont plus favorables à ces derniers. Exemple, la niche immobilière dite « loi Pinel » offre à ces 10 % de Français (revenu fiscal de référence supérieur à 52 810 euros/an) d’économiser plus de 416 millions d’euros, contre seulement 90 millions pour le reste de la population. Dans les DOM-TOM, s’agissant de la niche fiscale sur le logement social, l’écart est encore plus hallucinant : près de 150 millions d’euros sont économisés par les foyers les plus aisés, contre à peine 9 millions par le reste de la population, ne comptant que 483 bénéficiaires de cet avantage. Pourquoi ? Parce que le bon sens ne rapporte aucune voix électorale à nos dirigeants qui, de fait, préfèrent le contourner au profit d'une application ancestrale des privilèges aux privilégiés.
En parlant des politiques, à leurs côtés, qui l’on retrouve ? Les journalistes. Oui, les nouveaux chiens de garde ont eux aussi leur niche : « Les rémunérations des journalistes et assimilés sont, à concurrence de 7 650 €, représentatives d’allocations pour frais d’emploi effectivement utilisées conformément à leur objet. À ce titre et dans cette limite, elles sont donc exonérées d’impôt sur le revenu. »

Après ça, comment s’étonner que l’impôt sur le revenu ne représente que 21,5 % des recettes fiscales du pays, tandis que les indirects (TVA, essence, tabac, etc.) ne cessent d’augmenter ? Devant cette injustice fiscale, qu'une grosse fortune puisse se constituer honnêtement, dans le respect de la morale civile, qui y croit ? Gagner beaucoup d'argent revient forcément à le siphonner à d’autres, ou bien à corrompre, à gruger. Un expert-comptable, ami de mes amis, m'expliquait un jour qu'aucune grosse entreprise ne pouvait se développer avec succès sans contourner, du moins partiellement, les lois. L'abus de bien social était qualifié par lui « d'outil de gestion » (jargon technico-j’t’embrouille au même titre que « l’optimisation fiscale »). Bien sûr, il y a des gens vertueux. Mais pour un Cincinnatus, combien de milliers de Catilina ?

Si on n’a ni la morale ascétique de l'un, ni la rapacité de l'autre, ben on applique le système Hooper. Qu’on le veuille ou non, Hooper a une production derrière lui. Il s’est fait un nom. Ce n’est pas rien. Aujourd’hui il capitalise sur ça en se faisant le moins chier possible. Certes, ses sessions live de 8-10 heures donnent l’illusion de l’effort. Hooper c’est le tennisman qui se doit de venir à bout d’un « jeu » par un match-marathon en 5 sets. Voilà son style. Voilà sa manière de se démarquer des autres. Certains diront son panache. Et le tout finit sous une pluie de GG et de biftons. Chapeau l’artiste, à la prochaine !

Vous réclamez de la qualité ? Quelle qualité ? Vous réclamez de l’exemplarité ? Quelle exemplarité ? L’exemplarité est battue en brèche par la vénalité et le culte de la personnalité, que ce soit dans la finance, le sport, la politique, le show-biz, les médias, le net, et cela impacte sur notre mode de vie à nous tous où la valeur de l’apparence se confond avec l’apparence de la valeur. YouTube dit à Hooper : « Il te faut produire encore et toujours plus » Hooper produit. Les actionnaires disent aux entreprises : « Il vous faut produire encore et toujours plus.» Les entreprises produisent. Et, paradoxalement, c’est au moment où la production paraît être la plus intense que le nombre de ceux qui ne peuvent plus rien acheter se trouve plus grand. Formidable, non ?

Notre course après le modèle étasunien s’accélère. Est-ce diaboliser l’argent que de le constater ? Quand j’entends certains mettre en balance les Français avec les Américains, moins ronchons, plus décomplexés dans leur rapport à l’argent, cela me fait toujours sourire. Les Américains ont un rapport tellement décomplexé qu’ils ont inscrit sur leurs billets de banque et pièces de monnaie « In God We Trust », ce qui revient à déifier l’argent. Déifier l’argent, vous ne trouvez pas ça quelque peu « diabolique », vous ? Même Marx, en écrivant Le Capital, n'avait pas prévu ça. Mais peut-on comparer le monde industriel du XIXe siècle, reposant sur l’économie réelle, avec le monde financier du XXIe qui repose sur des données virtuelles passées en quelques microsecondes par des golden boys au moyen d’ordinateurs ?

Ceux-là, à force de se servir de l’argent réel pour compenser leurs pertes en jouant sur les marchés financiers, ont tué le travail. Le département crédit-dépôt éponge le département spéculation. L’argent réel, en épongeant l’argent virtuel, est absorbé. Rapportant de moins de moins, bientôt il n’existera plus. Pensez qu’une banque peut se faire un gain de 450 % en trois ans, en grugeant bien sûr, c’est-à-dire en créant des clients fictifs. La fiction a dépassé de trop loin la réalité. Pourquoi voudriez-vous que Hooper se fasse chier ? Vivre dans une grotte ne l’empêche pas d’être conscient de comment tourne le monde.

Portrait de video2f1
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A rejoint: 20 mai 2012
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Re: L'Igloo [topic de blabla]

Tu fais absolument tout ce raisonnement quand on te demande l'heure ? XD

Je trolle mais bon déjà que je trouve que sur les forums et ici vous partez dans des dissertations pour pas grand chose mais lier Hooper à tout ça c'est un peu fort de café haha

Edité par video2f1 le 24/09/2019 - 12:46