Les remixes de Ludwig DeLarge

Je suis très honoré de Balzac de vous présenter mon tout nouveau remix, accompagné d'un clip politico-socialo-fantaisiste de sept minutes mettant en scène à la fois l'anti-héros Tony Montana du film Scarface (1983), François Perrin du film La Chèvre (1981), ainsi que Bernard Tapie, homme d'affaires à la voix plutôt portante et au casier judiciaire plutôt bien portant.

Ce clip, pensé comme un théâtre de l'absurde, place monsieur Hooper Groszours comme un témoin face au non-sens de la réalité, qui dépasse trop souvent la fiction. On peut ainsi entendre, entre deux bugs incongrus d'un jeu triple AAA puissance 3, des répliques du film La Chèvre ("Je crois que je m'enfonce"), suivies immédiatement d'images d'archive de l'INA où l'on peut voir Bernard Tapie, tenu fermement par deux policiers moustachus, entrer dans une voiture des forces de l'ordre allant assister à sa garde à vue, puis quelques images de Tony Montana, très en colère. Par cela, il peut être compris que Bernard Tapie "s'enfonce" pénalement, tout en voulant ignorer le bien-fondé de la justice en usant de colères monstres, imitant sans le vouloir à la fois la candeur de François Perrin et les excès de Tony Montana.

La musique, inspirée du hip-hop Côte-Ouest-en-Californie-mais-pas-loin-de-Toulouse, rappelle évidemment les rappeurs se montrant comme des gangsters, mais dont les intentions criminelles sont pour la plupart superficielles. Ces rappeurs à fleur de peau amusent donc beaucoup. Nous noterons également la reprise du thème du film Jo, avec Louis de Funès, qui je le rappelle, interprète un auteur comique devenu malgré lui un assassin, tentant de dissimuler tant bien que mal le corps d'un homme dont il ignore l'identité. Cette dissimulation grotesque du corps s'apparente avec les dissimulations de preuves de Bernard Tapie à propos l'affaire Adidas-Crédit Lyonnais.

Ce décalage visualo-sonore et sonori-visuel, ainsi que visualo-visuel et sonori-sonore, fort humoristique, se comprend avant tout comme une critique de l'élite sociale et industrielle, où ses protagonistes sont d'abord actifs — en se mettant volontairement hors-la-loi — pour devenir passifs — en subissant la réprimande de la justice et leur condamnation. D'ailleurs, il est logique d'utiliser l'image de deux anti-héros (Tony Montana, François Perrin), et non de héros, pour faire le portrait de Bernard Tapie. Il est montré ainsi non pas comme une figure glorieuse des affaires, mais bien comme un homme quelconque, qui n'est pas au-dessus de la loi ni au-dessus de la nature. Par ailleurs, nous demeurons certains que personne ne lira mon pavé tout à fait saugrenu — mais non déraisonnable — jusqu'ici, je peux donc affirmer en toute tranquillité qu'à l'âge de six ans j'ai avalé par mégarde deux litres de pentafluorure d'antimoine dans le laboratoire de mon père décoré du prix Nobel de Chimie de 1899, expliquant alors mon état mental quelque peu dérangé aujourd'hui.

Voici donc le lien du remix, certainement très attendu par beaucoup de nos confrères du site Hooper.fr :

Bien cordialement, avec l'assurance vie de mes sentiments mistinguétts,
Ludwig DeLarge