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Et le classique dans tout ça !

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Portrait de Vexalord
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Re: Et le classique dans tout ça !

Et puisque j'ai vu que ça parlait de Liszt plus haut, j'en profite pour citer une pièce toute simple de notre cher Franz... non je déconne c'est totalement impossible à jouer, comme d'hab quoi, LOUL ! Et je vous présente Totentanz, cassage de mains en ré mineur pour piano.

Liszt prenait vraiment de la coke avant de composer. NAN MAIS REGARDEZ-MOI ÇA !!!


Edité par Vexalord le 16/06/2017 - 18:13
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Re: Et le classique dans tout ça !

Avec le même nombre de notes que contenu dans ces 4 mesures, on pourrait composer un menuet orchestral !

Portrait de Pang Tong
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Re: Et le classique dans tout ça !

Un autre maître qui aime manier l'humour dans la musique est bien évidemment Joseph Haydn.

Je donne vite quelques exemples :

Dans sa Symphonie n° 45 — les Adieux, Haydn suggère à son employeur — le prince Hesterhazy — de laisser ses musiciens rentrer chez eux. La Cour possédait un orchestre qui devait la suivre dans tous ses déplacement. Les musiciens, restés trop longtemps loin de chez eux, s'en plaignirent au compositeur qui suggéra à son patron la possibilité de laisser son orchestre regagner ses pénates. Voilà comment il fit : Dans l'adagio de la symphonie, les musiciens s'arrêtent les uns après les autres de jouer et, leur partie finie, s'en vont quitter la salle en prenant soin de souffler la bougie de leur pupitre. Au fur et à mesure du concert, l'orchestre se vide de ses musiciens et la salle devient de plus en plus sombre. À la fin, deux musiciens restent sur la scène : Haydn et — de mémoire — le premier violon. Le message fut semble-t-il passé et les musiciens purent rentrer chez eux.

Dans sa Symphonie n° 94 — La Surprise, le deuxième mouvement contient une surprise qui peut bien surprendre. J'en dit pas plus, il ne faut jamais gâcher les surprises ; juste un truc, elle a bien marché sur moi ;-)

Dans son Quatuor op. 33, n°2 — La plaisanterie, le final donne l'illusion que l'œuvre ne finit pas et plonge les auditeurs dans un embarras certains, ces derniers ne sachant pas quand applaudir. Dans les dernières mesures, le morceau semble s'arrêter plusieurs fois pour repartir de plus belle. La dernière pause fait croire à la fin... lorsque le premier violon joue le thème initiale qui reste en suspension, faisant croire par la même que l'œuvre continue alors qu'elle est désormais belle et bien finie.

Quel farceur ce Haydn ^^

Edité par Pang Tong le 21/06/2017 - 00:16

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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Re: Et le classique dans tout ça !

On a pour habitude de diviser la musique classique en différentes périodes bien nettes : musique baroque, classicisme, romantisme, modernisme, etc.

Par exemple, la période baroque débute, conventionnellement parlant, en 1607 avec la naissance du premier opéra — qui est également une convention — l'Orfeo de Claudio Monteverdi, et fini en 1750 à la mort de Jean-Sébastien Bach. Pourtant, il est facilement imaginable que la musique ne s'est pas mise du jour au lendemain à basculer d'une façon de composer à une autre.

De même, lorsqu'on parle de la période suivant le baroque, on utilise souvent le terme de classicisme. Mais entre les deux existe une petite période oubliée : le style galant.
Abandonnant la rigueur du contrepoint, les compositeurs de style galant privilégient les airs et mélodies "faciles". Durant cette période brille l'école de Mannheim qui sera le centre musical européen — principalement pour les genres de la symphonie, du concerto et de la symphonie concertante — durant une bonne partie du XVIIIe siècle.

La renommée de Mannheim est due à l'orchestre de la ville composé essentiellement de virtuoses se connaissant parfaitement les uns et les autres— imaginez l'orchestre parfait quoi ;-) À ce propos, Charles Burney — musicographe anglais — utilisait volontiers le terme "d'armée de généraux" pour désigner la formation qui remporta entre autres le mérite d'impressionner le jeune Mozart...

Ses membres, musiciens et compositeurs dans le même temps, ont quasi tous fait leur apprentissage sur place, renforçant ainsi la cohésion de l'orchestre. Parmi les plus célèbres, on peut citer : Johan et Carl — son fils — Stamitz, Franz Xaver Richter, Christian Cannabich, Ignaz Holzbauer, etc.

Mention spéciale pour les œuvres symphoniques de ces compositeurs. Ce sont des petites pièces faciles à écouter mais d'un charme certain et d'une couleur toute particulière. L'école abandonne l'utilisation de la basse-continue — de tradition baroque — ; privilégie l'emploi des nuances (piano-forte), de l'écho et du crescendo comme modes d'expression musicale ; adopte de plus en plus l'utilisation des instruments à vent et plus particulièrement des bois ; fixe et généralise l'usage de la forme sonate (exposition de deux thèmes de caractère opposé, développement, réexposition des thèmes à la quinte et coda) ; etc. etc.

Exemple à découvrir absolument pour un fabuleux crescendo en ouverture : premier mouvement de la symphonie op. 3 n°2 de Johan Stamitz.

C'est tout pour aujourd'hui. Pour le prochain post, on restera dans la même période et je prendrai énormément de plaisir à vous présenter un compositeur dont le talent égal l'étrangeté de son nom.

Edité par Pang Tong le 29/06/2017 - 15:21

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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Re: Et le classique dans tout ça !

Ah Haydn, il ne m'aura pas fait rire au conservatoire lui :p Comme toujours merci pour la découverte de ces compositeurs que je ne connaissais pas :D

Pour rester dans une tonalité légère, la marche turque :

(non je n'allais quand même pas mettre Mozart !)

Kurka wodna !

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Re: Et le classique dans tout ça !

Chose promise, chose due, aujourd'hui on va s'intéresser à un compositeur au nom quelque peu particulier : Karl Ditters von Dittersdorf (1739-1799).

Avant toute chose, une petite explication sur son nom. Si vous cherchez Dittersdorf sur une carte, il y a peu de chance pour que vous parveniez à la trouver puisque la localité devant se cacher derrière ce nom n'existe tout simplement pas ^^ Ditters a bien été anobli — pour service rendu — mais aucune terre n'est attachée à son nom. C'est pas une information très utile pour l'histoire de la musique mais je trouvais ça badass et puis j'aime bien l'anecdote.

von Dittersdorf est un compositeur autrichien du XVIIIe siècle dont l'influence fut non négligeable sur ses contemporains. Il côtoie notamment Joseph Haydn et Mozart avec lesquels il joue parfois des quatuors. Il reçoit les honneurs de la cour impériale mais fera la plus grosse partie de sa carrière musicale en Europe de l'Est — style Hongrie ou encore Roumanie actuelle.

C'est un compositeur très prolifique à qui on doit entre autres : 40 opéras, 130 symphonies — même si elles ne sont pas toutes éditées de son vivant —, 4 messes, 4 oratorios, 6 quatuors à cordes, des concertos et symphonies concertantes, etc.

Je vous conseille particulièrement :

- Les Métamorphoses d'Ovide un cycle de 15 symphonies basé sur... ben les Métamorphoses d'Ovide tout simplement ^^

- Le premier mouvement — Allegro e vivace — de sa Symphonie en ré majeur, Grave D6 dans lequel vous trouverez quelques caractéristiques du style galant que j'évoquais la dernière fois. En plus c'est une symphonie que j'aime beaucoup.

- La Symphonie en la majeur, Grave A 10, "Sinfonia Nazionale Nel Gusto Di 5 Nazioni" dans laquelle Dittersdorf pastiche, comme son nom l'indique, la façon de composer en Italie — mention spéciale pour ce mouvement qui est un peu méchant quand même pour nos amis italiens ^^ —, en France, etc.

- La Symphonie en La mineur, Grave A 2 "Il Delirio Delli Compositori : tout est dans le titre...

- Enfin, ses deux concertos pour contrebasses parce que c'est assez spécial d'entendre cet instrument comme soliste dans un concerto et que c'est assez joli.

Bonne écoute à tous.

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

Portrait de tété-yoshi
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Re: Et le classique dans tout ça !

Citation:
Pour rester dans une tonalité légère, la marche turque

Chose amusante, Beethoven a tiré le thème de cette marche d'un thème et variations de sa main : https://youtu.be/jKAzw18CSzg

Portrait de Pang Tong
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Re: Et le classique dans tout ça !

La Traviata est l'exemple type d'un "tube" — quel vilain mot... creux, à l'intérieur — mal compris par une grande part des auditeurs de notre temps. Inspiré de la pièce de théâtre La Dame aux Camélias d'Alexandre Dumas fils, l'opéra est créé à La Fenice de Venise le 6 mars 1853 et se veut une critique des vices bourgeois.

Le sujet de la pièce de théâtre — inspiré lui-même du roman éponyme de Dumas fils — est directement tiré d'un épisode douloureux de la vie de l'écrivain : la liaison qu'il entretînt avec la semi-mondaine Marie Alphonsine Duplessis. Femme d'une grande beauté, elle eut des liaisons avec Alfred de Musset, Franz Liszt et bien entendu Alexandre Dumas fils. Elle s'éteint dans son appartement parisien à l'âge de 23 ans de consomption. L'ancienne amante de Dumas donnera le personnage de Marguerite Gautier, personnage plus noble que son homologue réel et dont les souffrances ont été quelque peu exagérées dans le roman comme dans la pièce.

Beaucoup d'éléments autobiographiques sont disséminés dans la pièce : la rencontre entre Dumas et la mondaine, leur installation à la campagne aux alentours de Paris et leur séparation tragique — non pas due au père de l'écrivain mais à cause d'ennuis d'ordre financier et suite aux infidélités de Marie Duplessis.

Verdi porte son choix sur cette œuvre car, outre les possibilités esthétiques qu'elle renfermerait, le compositeur y voit surtout un lien à faire avec sa propre histoire, notamment sa liaison avec la cantatrice Giuseppina Strepponi — mère de deux enfants illégitimes — qui fut la cause d'un scandale retentissant dans la ville de Busseto.

L'opéra tranche radicalement avec des œuvres plus anciennes du compositeur. Le tableau, plus intimiste, se détache des sujets à relents patriotiques et révolutionnaires — sujets de prédilections de Verdi jusque là. La Traviata s'inscrit dans un contexte sensiblement plus réaliste que ses compositions précédentes et insiste sur une intrigue domestique plus intime mêlant une indécence libertine à un réalisme appuyé, voire cru, de la mort. Le musicien n'envisage plus son drame comme une succession de récitatifs - airs -ensembles - chœurs mais désire tendre vers un art réaliste où la scène est elle-même conçue comme une cellule dramatique propre. L'œuvre se veut volontairement pathétique et même les effets purement musicaux, comme la virtuosité vocale, trouvent un écho symbolique en symbiose avec la trame du drame.

L'opéra est une provocation, quant au fond, de la critique bourgeoise contemporaine à Verdi ; il se veut également une provocation quant à la forme puisqu'il fait fi des conventions distenciatrices du genre opératique. En d'autres mots, tant le fond que la forme doivent mettre à nu un fait social et la bourgeoisie du XIXe siècle. Le sujet n'est pas véritablement composé de valeurs sublimantes. Si Violetta — Marguerite Gautier dans la pièce de théâtre —est une victime innocente et qu'elle se sacrifie courageusement, elle est dépourvue de statut social et s'éteint par dégradation interne, mort dans laquelle aucune aura héroïque ne peut être trouvée. Le jeune héros, l'amoureux Alfredo, demeure dans l'incapacité de sauver sa bien-aimée. Pire encore, il ne la rejoint pas dans la tombe mais l'abandonne à son destin. La Traviata est, en résumé, une espèce d'une nouvelle forme de théâtralisation proposant une contemporanéité de l'action, une représentation de la société bourgeoise dans toutes ses interactions ainsi qu'un développement très poussé de la psychologie humaine.

L'opéra est aujourd'hui très mal compris d'une bonne partie d'un public en mal de clichés de fêtes de salon, de champagne et d'élégance. Derrière ce vernis, Verdi nous montre l'hypocrisie et même l'horreur d'une société bourgeoise soucieuse de préserver les apparences.

J'ai présenté cet opéra, il y a de ça quelques années déjà, au Théâtre Royal de la Monnaie où il a fait un vrai scandale. Mais ça, je vous l'expliquerai la prochaine fois si vous êtes intéressés ^^

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

Portrait de Kurka Wodna
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A rejoint: 17 avril 2013
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Re: Et le classique dans tout ça !

Mes interventions sont un peu plus "Érard" mais je lis toujours avec plaisir ce qui se dit dans l'unique topic dédié au classique, ce qui, chose peu excentrique aura l'avantage de faire plaisir à ceux qui aiment les rime en "ique" !

Pour contribuer voici une petite sélection... ornithologique ;)

Piou piou

PS : Ah et ne me demandez pas comment mais.... je suis tombé sur euuuh... une pièce de Mozart destinée à rester dans les annales je crois.

Spoiler

Edité par Kurka Wodna le 23/07/2017 - 19:58

Kurka wodna !

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Re: Et le classique dans tout ça !

Érard humanum est, perseverare diabolicum ;-D

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