Skip to Content

Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

Dernière contribution

17 posts / 0 nouveau(x)
Portrait de historien et puriste
Hors ligne
A rejoint: 1 septembre 2011
Contributions: 743
Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre



.
.
Don Salieri : "Je veux que tu leur donnes une leçon. Brise-leur tous les os du corps et laisse-les baigner dans leur sang. Je veux voir ces merdeux dans des chaises roulantes. Les gamins rigoleront devant leurs gueules massacrées."
.
.
Peu de jeux m'auront durablement marqué dans ma vie adulte de gamer. Half-Life m’avait passionné et plus tard Bioshock me faisait chavirer dans un abysse, quelque part entre la poésie et l’inhumanité. Mais un jeu leur tient la dragée haute. Cette première place revient sans hésitation ni l'ombre d'un doute au fabuleux Mafia, sorti en 2002 sur PC. Nous le devons aux développeurs de Illusion Softworks, des tchèques en blanc, qui ont offert au monde vidéoludique une perle rare, un bijou d'une volupté à mon avis inégalée dans son genre, un GTA-like en tous points antinomique aux opus en série grassement produits par Rockstar.



L'action de Mafia se déroule rétrospectivement tout au long des années 1930 dans une ville américaine fictive, Lost Heaven. Sur fond de prohibition, les luttes entre bandes rivales mais aussi intestines ensanglantent la vie quotidienne d'une cité devenue le terrain d'affrontement entre la Mafia et la Police. Crimes et assassinats, jeux illégaux, trafics en tous genres, duplicité, corruption : tels sont les affres qui condamnent les habitants de ce paradis perdu au purgatoire mais pas à l'enfer car malgré tout, les consciences changent et le salut peut cesser de n'être qu'une promesse. Vous incarnez Thomas Angelo, homme de main du parrain Don Salieri, et vous passez à table pour sauver votre peau et on peut dire que question déballage, vous n’y allez pas avec le dos de la cuillère, au grand plaisir du flic qui écoute votre histoire en prenant bien soin de noter les noms et les dates. Retour sur les huit dernières années d'une existence jusqu'alors honnête et travailleuse mais pauvre qui a sombré dans le crime, une vie de misérable parasite, celle d’un agent de la pieuvre et pourtant celle d’un homme incertain, rongé par le doute et le remords, dans l’attente d’une impossible rédemption. Direction Lost Heaven, 1938.

Dès les premières missions, le joueur amateur des open-world et des épopées électriques sera déçu, peut-être même frustré s’il s’attendait à un gta-like reprenant les préceptes juteux et devenus dès lors récurrents et rébarbatifs d’un Vice-City ou d’un San Andreas. Il pourra alors regretter la lenteur du jeu et surtout son gameplay encore trop dirigiste. Mais ce manque de liberté tient essentiellement à la solidité du scénario et au caractère du jeu lui-même. Car ici l’immersion prime sur tout autre aspect et ce au grand dam des amateurs de destructions aussi diverses que jouissives. Endommagez votre véhicule et vous traînerez sa carcasse sur plusieurs kilomètres aussi rapidement qu’une tortue. Faîtes-le sauter et vous finirez votre périple à pied. Quant à vos désirs les plus fous de conduire un petit bolide Bentley ou des voitures d’un certain standard type Buick ou autre Chrysler, il va falloir les mettre patiemment de côté et vous contenter au début de vos péripéties d’un vieux tacot Ford modèle T dont la vitesse de croisière ne dépasse pas les 60 kms/h. Ce n’est pas un vice de la part des développeurs ; au contraire, la notion de durée a été prise en compte dans l’évolution même du parc automobile qui, les années passant, s’avèrera plus vaste et de meilleure qualité. Inutile de forcer le destin, vous ne pourrez vous procurer illégalement un nouveau véhicule, sauvagement ou discrètement selon vos scrupules et la situation donnée, qu’une fois apprises les méthodes de crochetage sur le modèle en question. Rien n’est laissé au hasard et le réalisme prévaut sur toute autre considération.



Aussi on ne s’étonnera pas d’avoir à respecter un tant soit peu le code de la route. A l’exception des priorités à droite étrangement absentes de ce jeu (et heureusement !), les limitations de vitesse et les feux rouges sont autant de contrariétés pour le conducteur pressé que les agents de police se montrent particulièrement prompts à verbaliser toute déviance. Car eh oui, dans Mafia, la police verbalise ! Encore une fois, l’aspect réaliste domine mais dans ce cas précis, cette idée fanstatique grandit le gameplay en plaçant sur le devant de la scène le libre-arbitre, les scrupules et la prise d’initiative du joueur. Autrement dit, celui-ci, s’il veut taper des pointes à 200km/h dans une rue pavée du centre-ville, emboutir un bus scolaire à la sortie des écoles ou tout simplement passer à l’orange, doit prendre consciemment la décision d’adopter une attitude irrégulière. Mieux encore : vous avez le choix de stopper votre véhicule et payer l’amende qui vous fera perdre du temps et de l’argent mais vous fichera la paix en retour. Ou alors vous passerez en mode poursuite. Autant vous dire que ce n’est même pas la peine de songer courir avec une arme à feu à la main, vous vous ferez coincer par la police.



Lost Heaven n’est pas Vice City ou San Andreas, l’univers de Mafia n’est pas un terrain de jeu où tout est permis, où s’initier virtuellement aux méfaits et aux actes d’incivilité les plus déplacés est à la portée de tous. Les dialogues très pointus, s’ils puisent dans un registre consacré à la violence la plus abrupte, ne tombent jamais dans la vulgarité gratuite, dans le racolage, dans le sexisme ou tout autre préjugé racial. Et là, nous touchons un aspect important du jeu que l’on pourra illustrer avec le credo maintes fois répété : « Le crime ne paie pas ». Tous les personnages sont des crapules et sont présentés comme tel. Ils le paieront d’une manière ou d’une autre, quels que soient leurs crimes ou leur remords. On retrouve ici très facilement les racines puisées auprès de l’incontournable Martin Scorsese. Ray Liotta dans les Affranchis, Robert De Niro dans Casino connaissent-ils une fin heureuse ? Non, le crime ne paie pas et il en est de même à Lost Heaven où, contrairement à VC ou SA, le héros ne finira pas plein aux as grâce à la drogue, ni n’aura à râcler sa garde-robe pour se déguiser en gangsta. Tommy Angelo et les protagonistes de Mafia suivront un chemin tout tracé, une destinée à laquelle ils ne peuvent échapper, pas de rédemption, pas de pardon, seulement un sursis. Ainsi ce destin tragique convient-il parfaitement à un gameplay dirigiste avec pour théâtre, une ville poétiquement désoeuvrée.

Lost Heaven n’est pas l’enfer et possède un caractère, une identité bien à elle. Voluptueuse et envoûtante, la ville se compose de divers quartiers reflétant les grandes thématiques de l’urbanisme américain des premières décennies du siècle dernier. Et c’est beau, oui le moteur graphique a vieilli mais la direction artistique est à couper le souffle. Tout y est : centre-ville doté de gratte-ciels vertigineux, ceinture industrielle avec port de transit, banlieue résidentielle chic, Chinatown, des entités très vite reconnaissables grâce au seul et génial fait que chacune se voit flanquée d’une musique unique qui lui est propre. Encore une fois, le chapitre est au dirigisme suivant la trame et le contexte historique. Pas question d’autoradio à la GTA ou de jouer les morceaux préférés de votre médiathèque. Les programmateurs ne vous laisseront pas si facilement travestir et corrompre leur œuvre ! Le joueur sillonnera la ville en sachant quelle partie il traversera. Mais attention : les compositions sont contemporaines de l'action ! Au programme, les Mills Brothers et Django Reinhardt ponctueront votre tragédie de leurs meilleurs titres, tous datant de l'entre-deux-guerre. Et c'est à cet instant précis du jeu, lors d'une phase à pied que retentit la plus improbable et la plus jouissive musique imaginable. Alors j'ai compris que j'étais en face d'un chef d'oeuvre.


La musique caractéristique d’un quartier n’est pas propre aux phases de conduite : elle poursuit de son enveloppe toute légère les faits et gestes des protagonistes. Mais lorsque les scènes d’action ou les cinématiques sont engagées, un nouveau pan de l’OST magnifique de Mafia apparaît : une musique sombre, angoissante, bref tragique se fera entendre, annonçant le drame à venir. Car, et c’est génial, les compositions originales du jeu ne vivent pas pour elles-mêmes, elles annoncent le scénario, anticipent les coups durs. Ce faisant, si les accords de Django Reinhardt illuminent Lost Heaven de mille feux éclatants, la trame se vit au rythme pesant d’une chute inexorable, toujours plus profonde et sans répit. Magistral contraste et une dualité bouleversante, à l'image de Tommy Angelo.



Outre les traditionnelles séquences de conduite - lesquelles sont loin d'être une évidente partie de plaisir (on pense à la course automobile) -, le joueur aura l'occasion de faire le coup de poing, le coup de batte et le coup de feu. Des phases scénarisées précédent les fusillades qui du reste sont très peu scriptées. Elles sont nerveuses, sanglantes et souvent jouissives. Le canon scié dans la gueule, ça ne pardonne pas, et la Sulfateuse un vrai délice. On regrette parfois la redondance de ces séquences mais l'originalité de chaque mission prend le dessus sur la linéarité du gameplay. Aucune fusillade ne sera gratuite, toutes suivent la trame. La petite frappe que vous avez corrigée n'est pas un individu lambda mais un personnage secondaire d'une importance capitale pour le déroulement de l'histoire. Tuer un gangster provoquera des représailles. Trahir une promesse ou un ordre, c'est courir à sa perte. Le joueur n'influe pas sur la trame, il la subit comme tous les protagonistes.




Au fil des missions, vous apprendrez à connaître les protagonistes de Mafia. Et les références cinématographiques de pleuvoir. Thomas Angelo, alias Ray Liotta, brave bougre mais âme corrompue. Don Salieri, alias Marlon Brando, parrain du clan Salieri, bon vivant mais impitoyable caïd. Paulie, alias Joe Pesci, le déglingué imprévisible à la gâchette facile. Sam, alias Robert De Niro, l'homme de main sans scrupules et méthodique. Franck, alias Ben Kingsley, le comptable et ami personnel du parrain (la liste de Schindler ?!?). Tous devront passer un jour à la caisse, ce n'est qu'un sursis, une question de temps. Leurs dialogues sont remarquablement écrits et surtout leur doublage en français est une pure réussite. Grâce à eux l'immersion est complète, ils nous prennent par la main et nous entraînent dans les bas-fonds de Lost Heaven. Nous rencontrerons alors des personnages secondaires attachants s'intégrant parfaitement à la trame. Décidément, l'immersion est complète.

Décrire les missions ou montrer des vidéos du jeu n'aurait rien apporté de plus aux éloges que mérite Mafia. Son gameplay déplaira à beaucoup de joueurs sevrés aux GTA mais il enthousiasmera ceux qui décideront de plonger dans l'univers de la pègre. Les graphismes ont certes vieilli mais le jeu demeure très beau visuellement. La jouabilité est bonne et facile à prendre en mains. Quant à l'animation, elle est sans reproche, on appréciera l'élégance du héros et les multiples facettes de son champ d'action. La durée de vie est forcément limitée mais la difficulté de certains passages vous fera vous arracher les cheveux. On regrettera peut-être le manque d'interactivité avec une ville qu'au final on ne fait que traverser. Egalement l'exclusion du joueur dans les prises de décisions (sauf éventuellement dans le prélude à la dernière mission). On dira aussi que la rejouabilité demeure assez réduite et que si les missions annexes apportent un plus, les modes free-ride et libre-circulation, débloqués à la fin du jeu, sont anecdotiques et presque sans intérêt.

En conclusion, l'intérêt d'un jeu comme Mafia réside dans l'incroyable immersion qu'il offre au joueur, un univers désolant mais ô combien voluptueux, théâtre romantique d'une formidable tragédie. C'est un hommage aux meilleurs films de Martin Scorsese. C'est une expérience à vivre en tant que fan des gta-like mais ennemi des gta. A l'heure actuelle, il est possible d'acquérir la version PC pour moins de 10€.

Pour davantage d'informations, je vous renvoie au top100 de feu Galin, Mafia en 99e position.


Edité par historien et puriste le 27/03/2012 - 21:25
Portrait de Lockoss
Hors ligne
A rejoint: 11 septembre 2011
Contributions: 3225
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

"A l'heure actuelle, il est possible d'acquérir la version PC pour moins de 10€."
- Pour 5€ plus précisément

Ce jeu est pour moi l'un des meilleurs. Quand il est sorti je n'étais encore qu'un enfant de 11 ans et à cette époque j'étais encore sur Doom, Midtown Madness, Driver et Duke Nukem 3D. J'ai eu ce jeu 4 ans après sa sortie, je l'avais acheté à un ami. Je n'y avais pas joué tout de suite, j'avais pas mal de jeux à finir. Pour tout dire, je l'ai installé sur mon PC pratiquement 6 mois après. Quand enfin je me suis m'y dedans, mes premières impressions ont été :
- Mais quel con! J'avais ce bijou entre mes mains depuis tout ce temps!

Ce jeu est juste énorme, il n'est certes pas aussi fun qu'un GTA mais le mode Histoire déchire sa maman en 8 et je dirais même en 9

Portrait de historien et puriste
Hors ligne
A rejoint: 1 septembre 2011
Contributions: 743
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

Bien content de trouver l'un des membres qui auraient voté pour ce jeu à l'occasion du top100 ! Alors dis-moi, je voudrais savoir si toi aussi tu as été marqué par cette fameuse course-poursuite à pied ?

Edité par historien et puriste le 27/03/2012 - 21:06
Portrait de Lockoss
Hors ligne
A rejoint: 11 septembre 2011
Contributions: 3225
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

Ah oui cette course poursuite est énorme! La musique m'a bien fait marrer la première fois que je l'ai entendu. Mais le mieux, c'est la mise en scène avec l'homme et la femme qui se cherchent parce qu'ils se sont trompés de ruelles tous les deux.

D'ailleurs, au début de Mafia II on retrouve un autre couple qui s’engueulent à cause de la voiture en panne. C'est dommage que par la suite on n'a pas eu droit à des choses comme ça

Edité par Lockoss le 09/04/2013 - 22:59
Portrait de Kenji
Hors ligne
A rejoint: 6 février 2012
Contributions: 297
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

ton topic est bien fait, je ne connais pas cette série.
mais sa donne envie de joué.

pour le dragon !

Portrait de historien et puriste
Hors ligne
A rejoint: 1 septembre 2011
Contributions: 743
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

@ Kenji : mon topic est une déclaration d´amour ! Maintenant je pense que si tu veux mon avis, ne joue pas à Mafia si tu a pris ton pied absolu sur GtaIV. Idem si tu préfères Scarface aux Infiltrés. Je dis cela car j´ai vu que VC compte parmi tes jeux de référence. Et puis c´est vrai que le jeu a vieilli, donc te voilà averti ! Après, pour moi, Mafia, c´est un peu le pendant mafieux de SOTC, dans le sens que c´est presque un voyage initiatique. En plus, si tu es habitué à la difficulté du rétro, je pense que tu apprécieras encore davantage ! Mais oui ! Pour 5-10 euros sur PC, c´est que du bonheur !

Edité par historien et puriste le 10/04/2012 - 20:16
Portrait de Severed
Hors ligne
A rejoint: 7 décembre 2011
Contributions: 1019
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

Je l'ai eu assez tard moi aussi , pourtant c'est un pur chef d’œuvre à l'histoire tragique .(je trouve qu'il y avait du Donnie Brasco ) même si c'est pas l'epoque .

Edité par Severed le 15/04/2012 - 19:33

Un peu de culture

-Pourquoi pleures-tu ?
-Il est Conan, un Cimmérien. Il ne pleurera pas, alors je pleure pour lui.

Portrait de historien et puriste
Hors ligne
A rejoint: 1 septembre 2011
Contributions: 743
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

Severed a écrit:
je trouve qu'il y avait du Donnie Brasco

A la différence près que Johnny Depp est un flic infiltré alors que la trajectoire de Thomas Angelo se rapproche davantage de celle de Ray Liotta.

Portrait de Aenima74
Hors ligne
A rejoint: 2 septembre 2011
Contributions: 182
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

J'ai fini le deuxième opus l'année dernière. En lisant certains tests qui démontait le premier épisode, je n'ai pas eu envi de me plongé dedans. Mais tu m'as fait changé d'avis.

PSN Wii U & XBOX live = GriffDeBroise

Portrait de babidou
Hors ligne
A rejoint: 24 septembre 2012
Contributions: 5
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

Scenario excellent, que de bons souvenirs avec ce jeu.
Le seul point noir était que contrairement a GTA, la ville donnait pas envie, pas vraiment de choses secondaires a faire, on suivait le scénario et c'est tout

Mais c'est quand même un pur jeu

Edité par babidou le 26/09/2012 - 03:50
Portrait de historien et puriste
Hors ligne
A rejoint: 1 septembre 2011
Contributions: 743
Re: Mafia - Premier du Nom et Chef d'oeuvre

@ Aenima74 : fais très attention car effectivement les portages sur PS2 et Xbox sont ratés. Ma présentation ne vaut que pour la version PC.