REAL : Le meilleur manga du monde.

REAL ? Emotion, rage de vivre, espoir, réalité.

L'amour pour le basketball de Takehiko Inoue n'est pas moins à démontrer que son talent pour mettre en scène, sous l'un des graphismes les plus aboutis du genre, son sport favoris.

REAL appartient au registre du Seinen Manga (jeune adulte), car étant publié dans un magazine de prépublication prévu à cet effet.
Selon Takehiko Inoue, c'est un moyen de souffler entre l'intervalle des chapitres de Vagabond.
Takehiko Inoue aborde donc son manga sur l'handicap avec plus de légèreté qu'il n'y parait, malgré un thème qui n'en reste pas moins grave et profond.

Cette légèreté se ressent tout autant dans le manga en lui-même. Contournant les clichés pouvant se trouver sur le handicap, Inoue aborde sans aucune surenchère et sans méfiance les véritables répercussions de l'handicap sur soi même et sur son entourage. Jonglant entre un humour permanent et des drames poignants touchant au juste endroit à chaque nouveau tome, l'idée de REAL reste de montrer l'homme tel qu'il est, tel qu'il se considère face à la réaction suivant la perte de l'usage de ses jambes, face à la prise en charge de ses lendemains, au travers d'une histoire simpliste dans la forme de tranche de vie. Le basketball quant à lui est toujours présent, cependant cette fois, en toile de fond du récit, sous la forme de l'Handi-basket. Evidemment les côtés spectaculaires et intenses dont font preuve les matchs de Slam Dunk sont mis à l'écart, pour laisser place à des matches de handisport moins accrocheurs mais tout autant percutants, l'intérêt ne se trouvant pas au même degré.

L'histoire nous conte un morceau de vie de trois protagonistes étroitement unis par le basketball et l'handicap.

"Dans la classe… La majorité des élèves sont de niveau moyen, B ou C… Et puis il y a Matsunaka qui finit premier chaque année, de loin… Ogasawara, fille d'un célèbre architecte bilingue… Et moi toujours dans les premiers, quoi que je fasse… Nous, on est du niveau A.
Aucun goût… Vulgaire… Toujours dans les derniers de la classe… Il n'y a qu'en basket qu'il se défend… Mais c'est tout. Nomiya, viré du lycée, a arrêté l'école. Le cas à part : le niveau E !
Handicapé physique… Plus d'école… C'est encore moins que le niveau E."

Le Japon, bien connu pour son sens de l'excellence, détient une société dans laquelle, l'échec, d'aucune façon que ce soit, n'est permis. Ce facteur étant source de malaise pour les jeunes japonais. Cet effet ressort clairement du personnage d'Hisanobu Takahashi, qui, couplé à son égo hors du commun, ne peut s'empêcher de tout juger au rabais, avec une pensée élitiste en attribuant le plus souvent une échelle qualitative aux différents individus qu'il croisera. Son excellence dans tous les domaines (aussi bien sportives, scolaires que physiques etc…) constitue le plus gros de sa fierté. L'histoire veut qu'après avoir voulu voler un vélo en compagnie de sa petite amie, et s'enfuyant à toute vitesse, Hisanobu percute un camion de plein fouet, fait qui lui coutera l'usage ses jambes et un abandon forcé de sa brillante scolarité. Le destin décidera qu'il se retrouve au même faible rang qu'il méprisait tant de haut, depuis toujours. Ainsi, plus qu'une remise en question en rapport avec le handicap, c'est principalement face à son égo que Hisanobu devra combattre.

"Combattre le handicap. Faire face dignement. De toutes ses forces... Avec pureté et naïveté. Un faible. Voilà ce que je suis."

Kiyoharu Togawa, autrement dit notre deuxième personnage principal.
Déjà handicapé lors de notre première lecture, au lourd passé, c'est principalement ce fait qui va le différencier des deux autres jeunes hommes. C'est à travers ses yeux que le lecteur est plongé dans le sport de l'handi-basket. Membre de l'équipe des Tigers, particulièrement doué dans le domaine jusqu'à détenir le potentiel de battre des joueurs de basketball standards, Kiyoharu trouve le véritable esprit sportif dans l'Handi-basket, trop souvent mis à l'écart dans les sports voisins. Après avoir été amputé d'une jambe, lors de l'une de ses compétitions de course athlétique, causée par une maladie des os, son objectif de devenir le meilleur dans son domaine sportif va évoluer face à cette tragédie. L'esprit combatif du jeune homme ne perdra pas de son étincelle pour autant, et décidera de donner tout son être, pour notre plus grand plaisir, dans le sport symbolisant sa rééducation : l'handi-basket.

"Le désespoir, c'est quoi ?
Oui, ça, c'est le désespoir.
Rien à voir avec ça.
ça… ça s'appelle le bonheur."

Notre dernier protagoniste se nomme Tomomi Nomiya, contrairement aux 2 précédents, il se trouve être le seul à ne pas être toucher directement par le handicap. Cela n'empêche en rien tout l'intérêt que provoque ce personnage pour la série. Etant la cause de l'handicap d'une fille nommée Natsumi, qu'il aurait dragué lors d'un accident, une grande remise en question va venir le hanter durant l'histoire. Ce choc le pousse a arrêter l'école, arrêter le basketball, et âgé d'à peine 18 ans, il va devoir lui aussi penser à ses lendemains. Sa rencontre avec Togawa, qui malgré son handicap n'a rien perdu de son énergie, va le pousser à se reprendre en main plus que quiconque.

REAL se veut réaliste jusqu'à son titre aussi bien dans son traitement scenaristique que dans sont coup de crayon. Clairement, le trait de Inoue gagne en maturité, dans la continuité de l'excellence déjà atteinte avec son niveau visible dans l'apogée de Slam Dunk… Malgré que son oeuvre la plus abouti techniquement à ce niveau reste quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle : Vagabond. Inoue nous fourmille ses planches de détails et parvient à nous montrer son don pour retranscrire l'effort dont font preuve ses personnages à travers un certain degré de réalisme. On ressent notamment cet effet via les séances de rééducation des protagonistes. On se surprendra d'ailleurs a éprouver un étrange malaise lors de ses exercices tant le ressenti de la perte de mobilité du jeune homme est visible et touchante.

REAL est une grande leçon de vie à tous les niveaux. Dans la catégorie des meilleurs manga parus en France. Au panthéon des meilleurs BD de tous les temps.

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