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Un peu de chinoiseries

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Re: Un peu de chinoiseries

Force à toi, à vous. Mes pensées vous accompagnent en cette période difficile =/

Et prenez tous soin de vous.

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Re: Un peu de chinoiseries

Umbasa a écrit:
Sinon Pang Tong ta famille c'est quelque chose ma foi entre ce que tu nous raconte avec ta mère et maintenant ton père.

Et encore, je n'ai pas parlé de ma sœur...

Spoiler

Mais oui, ma famille et moi, c'est une histoire assez compliquée. Pas pour rien que j'ai fini par quitter mon pays pour la Chine. Alors bien sûr : ma femme est chinoise, j'ai plus de possibilité de job en Chine qu'en Belgique pour le moment, j'aime vivre à l'étranger pour découvrir de nouvelles choses... Mais bon, le fait de m'éloigner d'eux, c'est aussi une façon de me protéger moi.

Après, ce ne sont pas des monstres. C'est juste qu'on est construit d'une façon totalement différente. Je sais par exemple que mon père ne me comprends pas du tout. Il pense que je donne des leçons à tout le monde et que je me sens tellement grand d'avoir raison. Or, la vérité est toute autre, ça je peux l'assurer. Je ne me compare jamais aux autres personnes, je ne suis vraiment pas dans cette logique. C'est juste que je suis tout le temps dans l'analyse et que je réfléchis sans arrêt en terme de conséquence. Mais même si on n'est pas d'accord avec moi, cela ne veut pas dire que je ne respecterai pas la personne. Même si j'ai raison dans ce que je dis, cela ne veut pas dire que je me sens meilleur que les autres qui ne disent pas comme moi. Je me fiche totalement de tout ça. Mais bon, pour mon père...

Par exemple, il a un préféré dans la famille ; et ce préféré, ce n'est pas moi. C'est d'ailleurs assez ironique car c'est celui que vous pouvez imaginer... Bref, avant mon départ pour la Chine, il y a 5 ans, j'ai eu une grosse discussion avec mon père. Je lui ai dit, entre autres, que je savais qu'il ne m'appréciait pas et qu'il aurait préféré que mon frère ait mon intelligence. Il a été totalement pris au dépourvu et ne comprenait pas comment je savais. Il a pourtant vite confessé que c'était vrai. Et pourtant, c'est totalement injuste quand on sait qui a fait quoi dans la famille... Mais bon, le cœur a ses raisons que la raison ignore ^^

EDIT :

@Nelys

Merci, ça fait plaisir

Edité par Pang Tong le 23/02/2021 - 15:16

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

Portrait de Rudolf
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Re: Un peu de chinoiseries

@Umbasa : Oui, plus néfaste que le coma : ma grand-mère a vécu pendant plus de dix ans comme un légume en maison de retraite (au point de ne plus nous reconnaître, moi et mon père), à hurler dès qu'elle n'avait pas ses médicaments et à frapper les gens. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que le coma, voire la mort dix ans plus tôt, lui auraient été préférables.

Maintenant, pour son père, le fait de sortir du coma n'est pas nécessairement la meilleure chose pour lui : tout dépend dans quel état il en sort, car si c'est pour se transformer en légume et se faire torcher chaque jour par une infirmière, peut-être est-il préférable de ne pas se réveiller. C'est pour ça que j'ai souhaité "le meilleur" pour son père : que cette période lui soit le moins pénible possible.

Sinon, j'assume parfaitement mon individualisme (et qui n'est pas synonyme d'égoïsme) : il faut, le plus possible, respecter les individualités en nuisant le moins possible au groupe. Donc s'il y a des personnes fragiles, j'estime que le plus important est que ces personnes fragiles se protègent elles-mêmes plutôt que de sacrifier le groupe (car en l'état, dans le contexte sanitaire actuel, ce sont davantage les personnes saines qui souffrent des personnes fragiles que l'inverse), donc que de sacrifier chaque individualité du groupe, en assumant leur santé fragile plutôt qu'en culpabilisant les autres. C'est en cela que son frère n'a pas à s'en vouloir : c'est leur père qui a accepté de recevoir de la visite, donc ce n'est pas à son frère de se sentir coupable. Si ce n'est pas son frère qui l'avait contaminé, ça aurait été vraisemblablement quelqu'un d'autre, donc quelque part, c'était "inévitable".

Que son frère se dise que ça lui aura au moins permis de voir son père avant sa mort, un père qui, visiblement, était déjà mal en point avec son cancer et son alcoolisme : pas sûr qu'il se sentirait mieux à l'idée que son père disparaisse bientôt sans avoir eu l'occasion de le voir pendant des mois, et en retour ça aura permis à son père d'avoir du baume au coeur de voir l'un de ses fils (et essayer de compenser l'absence de l'autre fils qui est en Chine). Du coup, je suppose qu'en ce moment, son frère souffre de cette idée de "collectivisme" qu'on essaie d'entrer au forceps dans la tête des gens et de cette diabolisation honteuse de l'individualisme qu'on amalgame avec l'égoïsme.

Edité par Rudolf le 23/02/2021 - 15:25

Portrait de Pang Tong
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A rejoint: 12 novembre 2016
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Re: Un peu de chinoiseries

Alors, je dois quand même expliquer 2-3 choses pour clarifier le tout. C'est ma faute si vous n'avez pas une image assez précise de la situation mais comprenez que de résumer 10 ans de vie en quelques paragraphes, c'est pas évident.

À propos du cancer de mon père, il n'en a plus. Il en a eu un il y a dix ans, ça l'a beaucoup affaiblit et ça lui a fait prendre 10 ans en une année. Tous ses travers ont été accentués après la maladie mais il en a été guéri après de multiples opérations il y a pas mal d'années maintenant. Le truc que je peux préciser aussi c'est que son cancer a été sale parce que mon père l'a caché pendant près d'un an. Et il l'a caché à lui-même en premier. Il savait qu'il avait quelque chose de pas normal mais n'a pas voulu aller à l'hôpital pour faire des examens. Il a attendu et attendu et la conséquence de ça c'est que ça s'est aggravé. Un voisin a eu le même cancer mais s'est fait traité hyper tôt, tu ne voyais aucune séquelle.

Et mon père, c'est un peu comme ça pour toi quoi. C'est comme son alcoolisme. Le terme est fort en vérité. Je ne pense pas que tout à chacun dirait en voyant mon père qu'il est alcoolique. Mais la vérité est qu'il boit de l'alcool tous les jours. Il en boit beaucoup et, j'ai envie de dire, il ne peut pas s'en passer. Maintenant, il ne fait pas de crise de démence, je ne l'ai jamais retrouver la tête dans les toilettes ou bien allongé dans son vomi. Mais quand même, il boit vraiment beaucoup de rosé et de bière... Vous me direz qu'il est tout de même tombé de l'escalier. Là, c'est vrai. Et c'est aussi ça qui m'inquiétait. La suite.

Pour ta grand-mère, je suis sincèrement désolé et je peux comprendre tout à fait ce que tu dis. Ça doit être quelque chose de terriblement difficile à vivre. Et je suis d'accord avec toi que l'histoire du coma ; je n'ai pas vraiment envie, pour lui comme pour moi, qu'il sorte comme un légume. J'ai vu mon père atrocement diminué pendant son cancer, ça m'a suffit...

Pour l'individualisme, je serais aussi partiellement d'accord que ça n'est pas tout à fait de l'égoïsme. Mais je pense tout de même qu'il faut peut-être réfléchir à certains au cas par cas. Disons qu'il ne faut pas oublier la balance des bénéfices, des risques qu'on prend quand on fait quelque chose et des conséquences que cela entraîne.

Pour mon frère, je pense que même si tout le monde lui dirait qu'il ne doit pas s'en vouloir, ce que je pense que tout le monde ou presque ferait, il continuera à s'en vouloir. Parce que le fait est que c'est lui qui a transmis le virus à mon père. Le fait est qu'il n'a pas été vraiment prudent alors qu'il savait qu'il fait un métier où il rencontre énormément de gens et qu'il n'a pas toujours respecter les distances de sécurité ni les recommandations...

Par exemple, je n'ai jamais dit que personne ne pouvait voir mon père. Encore faut-il voir comment il faisait. Est-ce qu'on doit encore se faire la bise pour le moment ? On n'est pas vraiment obligés non plus. Est-ce qu'on doit faire comme si de rien n'était ? Je ne pense pas. On peut être créatif, il y a plein de choses qu'on peut faire.

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)

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A rejoint: 27 juillet 2016
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Re: Un peu de chinoiseries

Citation:
@Umbasa : Oui, plus néfaste que le coma : ma grand-mère a vécu pendant plus de dix ans comme un légume en maison de retraite (au point de ne plus nous reconnaître, moi et mon père), à hurler dès qu'elle n'avait pas ses médicaments et à frapper les gens. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que le coma, voire la mort dix ans plus tôt, lui auraient été préférables.

C'est de la démence sénile ce que tu décris mais certainement pas être un légume. N'importe quel infirmier, AS ou médecin te confirmera que ces personnes-là ont des envies, des désirs etc. malgré l'agitation, les hurlements et la perte de motricité ou de mémoire : rien à voir avec un légume qui ne peut plus rien faire. Je ne connais pas ta grand-mère mais c'est typiquement le genre de cas avec lesquels il faut être ultra patient ; chose qui m'a fait quitter mes études d'infirmier au passage. Ces personnes là, que tu puisses les voir constamment agitées ou vulgaires ou exigeantes quand tu vas leur rendre visite, ont autant de phases de lucidité que d'effondrement. On est loin de la personne qui n'a plus le goût de vivre, même si celle-ci ne supporte pas d'être dans l'état où elle est, ça je te l'accorde.

Des légumes, des vrais, j'en ai vus. J'ai la femme de l'oncle de ma mère (ou du fils de l'oncle, je sais plus, je mélange tout niveau liens familiaux enfin bref) qui est paralysée totalement, qui ne peut plus rien faire, ne quitte plus son lit ni rien, ne peut pas parler, est alimentée par sonde, bref, la totale. Mais là encore, on est loin du cas où on n'a plus goût à rien. Des gens effondrés, j'en ai vu aussi, généralement ils se laissent mourir, tout simplement (après, tu as ceux qui vont se tirer une balle mais bon c'est autre chose). Et pour revenir aux agitations, cela peut paraître étonnant mais la manifestation d'une agressivité quelconque n'est quasi jamais un désir d'en finir, c'est même tout le contraire.

Edité par Trikounet le 23/02/2021 - 15:55
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Re: Un peu de chinoiseries

Ma grand-mère était 100% du temps sous médocs, donc 100% du temps à l'état de légume. Sans médocs, c'était la démence sénile.

Autrement, pour terminer sur le sujet : il n'y avait aucune solution parfaite pour son frère malheureusement, car il avait le choix entre prendre le risque de contaminer inconsciemment son père, soit ne plus le voir du tout ou presque plus pendant les dernières années ou derniers mois de sa vie. Il a fait son choix, à savoir accomplir son devoir de fils en rendant visite à son père plutôt que de le laisser seul alors qu'il ne peut déjà plus voir certains de ses enfants : il n'a pas à se sentir coupable selon moi (s'il n'avait pas pu voir son père aux derniers mois de sa vie, il se serait senti coupable de ne pas avoir été là pour lui, donc il n'y avait aucune solution parfaite pour cette situation).

En tout cas (j'arrête sur ce sujet à partir de maintenant car ça risque d'être un peu trop polémique), je compatis une fois de plus et souhaite le meilleur pour Pang-Tong et sa famille.

Edité par Rudolf le 23/02/2021 - 16:16

Portrait de Pang Tong
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Re: Un peu de chinoiseries

Pas de problème en ce qui me concerne. Chacun est libre de s'exprimer sur le sujet et on ne doit pas tous avoir les mêmes points de vue. Ceci dit, c'est vrai que ce sont des sujets sensibles et que cela peut réveiller chez chacun des souvenirs parfois douloureux.

Merci pour ton soutient en tout cas ;-)

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Portrait de Umbasa
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Re: Un peu de chinoiseries

Citation:
Et encore, je n'ai pas parlé de ma sœur...

Purée. XD

Portrait de UNCHARTOUILLE
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Re: Un peu de chinoiseries

Desolé d'apprendre tout ça Pang Tong. Pour la famille ce qui compte c'est d'essayer d'être présent, d'alerter quand la personne quand tu pense qu"elle fait une connerie, et d'assister quand elle en a besoin .

Mais je dis 'essayer' car certains préfèrent rester seuls, d'autres n'aiment pas écouter les conseils (ou ils font mine de pas les écouter), d'autres ne veulent pas se faire aider car ils ont le complexe de se sentir dépendants.

Mon conseil c'est que tu peux y mettre ton énergie selon tes convictions au moment présent, et de pas trop regretter sur les choses que tu aurais pu mieux faire car ça sert à rien, sauf à se recadrer de temps en temps. Puis tout le monde porte des boulets, surtout avec la famille. Il faut être humble sur ses capacités.

Moi dans ma famille g eu un proche qui a passé 5 ans en hopital psychiatrique, au bord du suicide. J'étais là tout le temps (et j'étais le seul) je donnais des conseils et tout, je lui expliquait comment elle pouvait voir les choses plus simplement.
Tout ce que j'ai dit n'a servi à rien, car cette personne s'est sorti d'elle même de la depression avec son propre cheminement (pas le mien). Mais ce qui a été utile c'est que je sois là.

Du coup quand quelqu'un de proche est dans la merde, il faut être présent (pas forcément physiquement, surtout en ce moment, il y a la magie du téléphone), mais il faut pas s'en vouloir si les choses ne se passent pas comme on aimerait. A partir du moment où on y met du sien ! On change plus les gens au bout d'un certain âge, on ne remodelle pas leur esprit selon nos convictions, ça fonctionne pas.

Edité par UNCHARTOUILLE le 23/02/2021 - 18:08
Portrait de Pang Tong
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Re: Un peu de chinoiseries

Merci. Effectivement, ce qu'on peut faire, quand un proche va mal, c'est être présent et donner des conseils. C'est parfois très frustrant mais il n'y a bien souvent pas grand chose d'autre à faire. S'il était si simple d'aider les autres, ça se saurait.

Et +1 pour le fait que bien souvent les gens se sortent par leur propre cheminement de leur dépression ou bien grave problème. Il ne sert à rien de forcer les gens à faire quelque chose qu'ils ne veulent pas faire par eux-même. Ce qu'on peut faire c'est être là, parler et, au besoin, écouter. Mais même parler c'est parfois "dangereux" car on ne sait pas toujours comment sera compris ce qu'on essaye de dire.

"La plus grande consolation pour la médiocrité est de voir que le génie n'est pas immortel" (Johann Wolfgang von Gœthe)