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[Critique] ELEPHANT (2004)

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[Critique] ELEPHANT (2004)

ELEPHANT (2004)
de Gus Van Sant

E

LE

PHANT

Gus

Van

Sant

Même nombre de syllabe, une rime. Un début de poème qui se termine en bain de sang. Et le film s’attache, à travers des références artistiques à mêler comme dit Eric ou Alex (comment savoir lequel des deux il s’agit puisqu’ils ne sont jamais appelés par leur prénom ?) l’affreux et le beau.

Quel est le profil d’un jeune tueur ? Celui du paradoxe. Comment un jeune qui trouve belle la lettre à Elise peut il trouver beau l’acte de tuer? Comment la main qui a tenu un livre peut-elle l’instant d’après tenir une arme ? Il y a le jeu vidéo, internet où n’importe qui s’il sait cliquer peut se fournir une arme, les médias avec le reportage sur Hitler : un environnement malsain, où fiction et réalité, présent et passé se mélangent. Les protagonistes sont perdus, les limites inexistantes, les images omniprésentes. Tuer des hommes dans un jeu vidéo c’est n’éprouver aucune culpabilité ; c’est un jeu. Mais dans la réalité, le jeu devient massacre et pourtant, le comportement ne change pas. Même inflexibilité, même indifférence, avec ce plaisir en demi-teinte, sur les visages, l’espace d’un instant. Les coups résonnent, mécaniquement. Plus rien ne compte si ce n’est dominer les autres en leur arrachant ce qu’ils ont de plus précieux : la vie. Où cela va-t-il ? Jusqu’au règlement de compte final, qui, parce que l’un a fait mieux que l’autre en tuant le proviseur devient un passage obligé. Tuer l’amitié, tuer l’amour, pour que l’homme ne se relève plus jamais.

L’impression majeure du film, c’est le malaise. Malaise de Michelle qui ne souhaite pas se mettre en short, malaise des trois amies qui sous une apparence normale cachent un grave secret qu’elles partagent, malaise d’Eric et d’Alex, boucs émissaires de la classe et en quête d’affection... En effet, des passions sont là, des sentiments se dessinent : Elias et la photographie, le partage du groupe de discussion, l’amitié des trois amies, la tendresse entre Nathan et Carrie. Le lycée tient sur un équilibre à la limite de voler un éclat, à l’image des deux jeunes, à l’image de tous ces jeunes. Le mode de filmage, novateur et magistral, en dit alors beaucoup sur la volonté de Gus Van Sant : la neutralité. Cette neutralité brute, brutale, comme autant de coups de feux lancés dans le silence. La caméra avance, suit les victimes, les coupables sans jamais les distinguer par un quelconque effet visuel. Elle suit le drame, l’attend, semble parfois le précipiter à force d’avancer, de pousser presque vers l’avant celui ou celle qu’elle suit. D’où une mise en tension à la fois perpétuelle et progressive. La caméra emmène le spectateur vers le drame sans qu’il puisse rien y faire.

La passivité du spectateur de cinéma n’a jamais été autant dénoncée : le film, succession d’images, même s’il vient d’un fait réel, est aussi une fiction. Une fiction où le mode de filmage du jeu vidéo est retranscrit, là où justement la neutralité s’arrête. La vie n’est-elle qu’un jeu vidéo pour ces adolescents ? Oui, peut-être. Gus Van Sant, ici, dénonce l’entremêlement entre fiction et réalité en l’utilisant lui-même. Mais si le mode d’action est similaire au jeu vidéo, les raisons, les motivations sont-elles identiques ? S’agit-il de « jouer » pour oublier ? Le film ne le dit pas, plaçant l’acte meurtrier comme un acte réfléchi, organisé et planifié (et c’est sans doute cela le plus affreux) mais aussi comme un dernier recours devant une vie qu’on ne maitrisait pas.

Gus Van Sant s'est expliqué sur le titre Elephant ... Remake d'un film éponyme d'Alan Clarke puis référence philosophique à une bouddhique où un groupe d'aveugles examine médusé un éléphant. Chaque aveugle a son idée propre de l'animal, mais aucun ne peut l'appréhender dans son ensemble. Pour Van Sant, nous sommes ces aveugles, plutôt que de nous révéler une illusoire vérité, il tente simplement de nous convaincre de cet état de fait : apprenons à mieux voir.

Elephant revient sur un fait divers qui a traumatisé les USA, le massacre du lycée de Columbine, en donnant la parole aux victimes. Aussi combine-t-il plusieurs points de vue en suivant des élèves en longs plan-séquence dans les couloirs d'un lycée qui devient vite un labyrinthe. La mise en scène de Van Sant multiple les entrées dans le film, refuse les coupes et efface la présence de la caméra. Elephant devient ballet lorsque l'on comprend que l'on assiste aux même quelques minutes sous des angles et des points de vue différents.

Bowling for Columbine de Michael Moore proposait un coupable ... Loin du documentaire militant, Gus Van Sant joue avec des clichés auxquels il redonne vie dans un lycée fantôme point de travail moral, d'explication ou de jugement. Il offre avant tout du plaisir cinématographique.

Mais pourquoi alors que l'on espérait compassion, pleurs et cours de moral ? Il rappelle simplement que les enfants morts étaient des êtres humains ... qu'il transforme en un seul regard grâce aux répétitions des actions. Nous sommes au centre du film. Ainsi, il n'y a pas d'acteur principal ou secondaire dans Elephant. Van Sant nous transforme en élève-fantôme, revenu suivre le cours de sa vie. Nous incarnons une autre dimension du titre : la mémoire. Parler de pachyderme, c'est aussi évoquer sa légendaire mémoire : Elephant capte un moment passé, une trace de réalité, une portion de vie : une dimension parallèle.

Elias '' shoote '' des photos dans un parc. Il capture des moments de vérité, il fige la temps ... rapproche un couple de la mort ! Nous n'avons jamais le point de vue de l'appareil photo. Van Sant met en parallèle l'acte de prendre en photo et de tuer ( To Shoot en anglais).

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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

Ta critique est tres interressante. Cela m'a donne envie de le regarder.

Edité par primo le 05/09/2011 - 20:02
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

IL est à voir pour ses impressions de déjà vu, je pense que ceux qui l'ont vu savent de quoi je parle.

Portrait de Leon9000
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

Un film qui fait toujours autant débat, en cours de réalisation on avait eu comme devoir d'imaginer une nouvelle mise en scène pour les scènes d'introduction ce qui laissait pas mal de liberté. Je vais être franc, je n'ai jamais réussi à accrocher au film et de manière générale avec la carrière de Gus Van Sant. Je trouve que l'ensemble du film est construit sur la facilité, la facilité d'avoir un regard neutre, de filmer sans aucune implication, je ne suis pas contre les films contemplatifs bien au contraire mais quand il s'agit de dépeindre un sujet aussi délicat et rappelons le qui était encore très présent dans les mémoires à la sortie du film, se contenter de laisser l'interprétation en laissant uniquement quelques explications caricaturales comme les jeux vidéos est trop simpliste.

Je serais presque tenté d'y voir une certaine hypocrisie dans le fait de prendre cet évènement en sachant parfaitement qu'un film sur ce sujet aurait un impact certain à sa sortie et de ne prendre aucun parti. Bien sûr les images sont belles, les plans séquences réussis et le film dégage parfois une certaine poésie mais c'était le traitement narratif du sujet qui était le plus important et le film ne prend aucun risque à ce niveau là.

Portrait de Borgya
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

Je me demandé qui a bien peu faire un topic sur ce film, j'aurais du me douter que c'était toit dott. Oui cela fait des années que je dois le voir... Gus Van sant, 2em film de la décenie selon les cahiers du cinéma. C'est décidé c'est le prochain sur ma liste :)

"Chivers"

Portrait de primo
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

C'est quoi le premier ?

Portrait de Borgya
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

Mulholland Drive de David lynch

"Chivers"

Portrait de Hatsu Lurker
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

Je suis un peu du même avis que Gantz ... Euh, Leon. A la base j'attendais vraiment beaucoup de ce film compte tenu de sa renommé mais finalement j'ai été déçu. J'ai trouvé que le film n'avait pas assez de profondeur et ne traitait pas assez de la psychologie des différents acteurs de ce massacre. Mais bon, je dois dire que je ne l'ai pas revu depuis plusieurs années. Il faudrait vraiment que je me le revois. Mon avis pourrait évoluer.

Portrait de DoTT
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

Ha c'est pas parce que j''ai posté une critique et qu'elle est positive que j'aime le film xD Critique bidon ? Je ne sais plus ça fait des lustres que je l'ai écrite, flemme de la relire. J'ai bien cet effet de déjà vu, mais je n'aime pas du tout ce flottement et cette contemplation dans les films de ce réal, Paranoik Park j'ai pas aimé par exemple.
Les cahiers du cinéma, mouais mouais, très très très orienté comme journal, pas neutre du tout.

Je vais terminer par une conférence/cours de cinéma très très détaillée sur l'analyse de Elephant ! Vous trouverez des pistes à vos questions, très sûrement :

http://www.dailymotion.com/video/xgmgw6_cours-de-cinema-elephant-de-gus-van-sant_shortfilms

Enjoy !

Portrait de Borgya
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A rejoint: 1 septembre 2011
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

C'est vrai que Les cahiers du cinéma, c'est assez particulier comme journal ( je préfére positif c'est plus universel je trouve) mais c'est tout de même une référence dans le genre. Sinon je regarderais la conf du forum de l'image aprés avoir vu le film ce soir.

"Chivers"

Portrait de Borgya
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A rejoint: 1 septembre 2011
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Re: [Critique] ELEPHANT (2004)

Oui donc je viens de finir le film a l'instant. Et je dois bien dire que c'est un film Pas comme les autres. Je trouve qu'il arrive vraiment a nous redonner l'ambiance du lycée de facon incroyable. Chaque situation nous rappelle quelquechose de vu ou de vecu jusque dans les moindre détail c'est assez troublant. Ensuite la mise en scéne est trés intéraissante; de long plan séquence trés bien fichus qui repete les mêmes minutes de plusieurs point de vu c'est trés bien construit et trés fluide. Moi je trouve que le choix de la neutralité est trés coherent avec tout ca. Cela donne vraiment un espect de temoignage du film je sais pas trop comment dire on a l'impression d'y étre. et c'est tout a fais essentiel car c'est une histoire vraie reel, qui somme nous pour pouvoir expliqué ou se positioné sur une telle chose si humaine qui semble incroyable mais qui est pronfondement encré dans notre temps.

Aprés de la a dire que c'est le 2eme méllieur film de la decenie passe ... je sais pas

"Chivers"