[PC] Lisa the Painful RPG

Le jeu cruel

Lisa est à l'origine un jeu gratuit, paru en 2012. Il est développé par un certain Dingaling, qui sera le chef de projet de Lisa the Painful RPG. Pour éviter la confusion entre les deux jeux, il a été renommé Lisa "the First". Il ne s'agit pas d'un RPG à proprement parler, puisqu'il n'y a aucun combat. Vous dirigez Lisa et vous devez faire des aller-retours entre 5 petits mondes pour récupérer des objets et ouvrir un passage (et un tout petit peu d'adresse avec des araignées, le passage détesté des joueurs ...). Il s'est ouvertement inspiré de Yume-Nikki, un autre jeu indépendant. On peut très facilement boucler l'affaire en 1h. Le jeu est plus conceptuel et cherche plutôt à partager des ambiances pour raconter l'histoire de Lisa, qui est la suivante ...
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Lisa est une jeune fille/femme séquestrée et violée par son père Marty.
Elle finit par se suicider, pendue ...
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Vous savez donc dès le début que ça se finit mal. Ça donne envie n'est-ce pas ?
Le jeu montre donc la dégénérescence psychique de Lisa, à travers des mondes plus cauchemardesques les uns que les autres, où elle sombre dans la folie. Les musiques mettent mal à l'aise, tantôt lentes et pesantes, tantôt grossières et agressives . Les environnements sont sales, couverts de sang, d'excréments. Et également vides. Aucun PNJ avec qui discuter à part ... son père, qui est partout. Un second personnage est présent, Rick, dont je vous laisse découvrir la véritable identité. Globalement, le jeu n'est pas difficile, très court, et vous aimerez si vous recherchez une oeuvre avec une atmosphère pesante et malsaine. Rien n'est expliqué, tout est à interpréter.
Pour ceux qui ne peuvent pas (ou ne veulent pas) jouer au jeu mais qui s'y intéressent, j'ai réalisé un let's play complet où je donne mes propres interprétations.

Sorti en 2014 suite à un kickstarter, Lisa the Painful est cette fois-ci un véritable RPG. Avec un système de combat au tour par tour, et notamment la possibilité de faire des combo de touches pour déclencher des attaques puissantes (à la manière d'un Sabin de Final Fantasy VI). La principale différence avec The First, c'est qu'on est en vue de profile, et il y a donc un petit aspect plate-forme. On incarne Brad, le grand frère de Lisa. L'histoire se passe après la mort de Lisa. le jeu prend place dans un monde post apocalyptique. Les hommes habitent dans des maisons de fortune, parfois bâties à même la roche. De plus, un virus inconnu circule et transforme les hommes en monstres difformes. La loi du plus fort règne, et d'ailleurs, les hommes représentent 99% des ennemis du jeu. Les hommes consomment une drogue nommée Joy, une petite pilule bleue (...) qui renforce la puissance de nos combattants pendant les combats. Si Brad est en manque, il devient littéralement impuissant. Oui, les hommes ... car les femmes ont toutes disparues ! Jusqu'à ce que Brad découvre un bébé abandonné qu'il surnomme Buddy (copain en anglais), qui est une petite fille, la seule au monde. Il va donc la cacher et l'éduquer, mais ce qui devait arriver arriva, la vérité éclate et Buddy se fait enlever. La quête de Brad consiste donc à braver tous les dangers pour retrouver Buddy et la sauver. Tout le long du jeu, Brad sera hanté par le remord, pour ne pas avoir évité la mort de sa sœur Lisa (ce qui se traduit par des références bien senties à The First). Vous constatez que le scénario est développé par la narration, contrairement au premier Lisa, qui était purement contemplatif et laissait libre cours aux interprétations. Au cours de votre aventure, qui peut durer plus de 20 heures si vous faites toutes les quêtes annexes, vous pourrez recruter de nombreux personnages, qui possèdent tous une identité forte. Il existe plusieurs manières de recruter un personnage : le vaincre en combat, lui offrir une bière, ou bien le payer. Sachant qu'en guise de monnaie, on paye avec des magazines pornographiques. Autant dans The First, on se contentait d'imaginer, autant ici on nous parle explicitement de sexe. D'ailleurs, puisque Buddy est la seule femme vivante (encore une petite fille), tous les hommes ont leur taux de testostérone over 9000, et ont juste envie de lui mettre une bonne pétée, si on veut être aussi clair et cru que le jeu. Cela prête à des scènes plutôt comiques. En effet, contrairement au premier Lisa qui se voulait très sérieux, ici on retrouve enfin le côté décalé d'Earthbound, en plus morbide (comme ces orphelins qui jouent avec des allumettes ...) On a également droit à quelques scènes épiques pour la fin, et même des moments purement nostalgiques. il faudra également faire des choix cornéliens qui auront une incidence définitive sur la suite du jeu, qui consistent généralement à se mutiler (ce qui diminue la force de Brad) ou sacrifier l'un de vos compagnons, ou alors donner toutes ses potions et son argent. La musique n'est pas en reste. Du rythmé et très efficace (la trompette, très présente dans l'OST, tient une place symbolique dans le jeu), en passant par des moments plus planants, ou des trucs complètement barrés. Enfin, le jeu possède trois fins (quelques lignes de dialogues), selon que vous l'ayez terminé en utilisant la fameuse drogue Joy durant les combats, ou bien si vous avez choisi le mode Hard proposé au début (certains combats sont plus difficiles et les points de sauvegarde disparaissent après utilisation). En conclusion, un RPG peut-être un poil répétitif dans sa forme, abordant des thèmes matures avec une imagerie très forte, un scénario bien construit mais avec des mystères non résolus, une OST d'excellente facture, et une mise en scène qui devrait ravir les fans d'Earthbound ! Ça aurait pu s'arrêter là ...

Ça aurait pu s'arrêter là, mais Dingaling voulait absolument apporter la conclusion, et les réponses à son scénario. Lisa the Joyful est donc paru en 2015, en tant que DLC de The Painful. L'histoire est la suite directe, et on incarne Buddy. Seule fille au monde, elle va devoir s'imposer dans ce monde de brutes, et déjouer les plans du cerveau diabolique à l'origine de cet apocalypse.
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Et malheureusement, c'est un foirage quasi total pour ce dernier épisode de la trilogie. En effet, le jeu reprend les bases de The Painful, mais retire tout son charme pour ne garder que la partie ennuyeuse. Buddy est le seul personnage que l'on contrôle de tout le jeu. Elle pourra porter plusieurs masques, ce qui entrainera des réactions différentes de la part des PNJ. Avec seulement un personnage, les combats sont très monotones (malgré l'ajout de quelques QTE pour dynamiser la chose), et parfois difficiles (à tel point qu'un mode Facile a été publié après la sortie du DLC, mais franchement, on peut s'en passer). De plus, le jeu entier s'apparente à un boss rush plus qu'à une véritable aventure. Le ton du jeu est très sérieux, on perd tout l'humour qui faisait le charme du jeu précédent, et les dialogues deviennent plats à mourir. A croire que c'est la vraie Buddy, 7 ans et demi, qui les a écrits. Heureusement, c'est triste à dire, le jeu est très court. En 2h c'est bouclé, et 3h si on recommence le jeu pour avoir une autre fin. A côté de ces défauts qui pourrissent l'expérience de jeu, nous avons tout de même des bons points. Tout d'abord, nous avons enfin le fin mot de l'histoire, sur le virus, sur le méchant, et sur le destin tragique de Lisa. Les différentes fins donnent des éléments de réponse complémentaires, et le sort de Buddy est laissé au choix du joueur. Quelques secrets sont disséminés dans le jeu, et font référence à des éléments de The Painful. Enfin, l'OST, bien que très réduite (et donc parfois redondante), est toujours aussi bonne ! Avec des morceaux bien pétés, et une chanson de fin poignante. En conclusion, je vous conseille de ne pas l'acheter et plutôt de regarder un let's play. A la rigueur, les scènes de fin suffisent. Une grosse déception pour la fin de cette série, qui semblait partie pour un sans faute.

Finalement, Lisa est un jeu qui marquera les joueurs ayant tenté l'aventure. Un jeu vidéo moyen, mais une oeuvre abordant des thèmes très durs, avec une identité forte, et qui pourra rappeler un certain Earthbound, faisant dire "on n'en fait plus des comme ça". Lisa n'est pas un jeu, c'est simplement la triste histoire d'un personnage fictif confronté à la cruauté sans limite de l'humanité, qui elle existe bien.